« Nous nous trouvons dans le bar central, avec le DJ en face de moi, des fauteuils très rococo rouge. J’ai une deuxième salle aussi dans le même esprit, qui correspond un peu à mon côté aristocrate française… Mais on a une salle en bas, beaucoup plus… olé olé – à découvrir. »
Le Clan vient de fêter son quinzième anniversaire et est une référence en matière d’ « after ». C’était au départ un club puis vous vous êtes spécialisée dans les « afters », c’est-à-dire les deuxièmes parties de la nuit et le petit matin. Pourquoi ?
« Au départ on a essayé d’être le meilleur club de Prague et je crois qu’on a réussi parce que beaucoup de stars comme Bruce Willis, Matt Damon ou Wesley Snipes venaient chez nous. Mais après les mafias ont essayé de me racketter – les Albanais, les Palestiniens, etc. – j’ai eu beaucoup de soucis. Et ensuite on a eu des problèmes avec le son et les voisins, donc obligé de mettre un limiteur de son et nous sommes devenus spécialisés dans les after-parties non par choix mais par obligation. On a beaucoup de succès mais j’espère qu’on va pouvoir redevenir un club très prochainement. »
Comment fonctionne un club spécialisé dans les afters ?
« Ce n’est pas évident de faire la sélection de la clientèle… Mais j’ai maintenant une très bonne sécurité et une très bonne physionomiste donc on arrive à faire une sélection selon l’attitude, pas selon les habits ou l’argent. On veut rester un club underground. Et on a un système d’amendes. Tous ceux qui se comportent mal doivent payer une amende et l’argent va aux enfants pauvres dans le monde. Je dois dire que ça marche très bien. »
La réputation des clubs d’afters est souvent ternie par les problèmes de drogue. Est-ce difficile à Prague ?
« Ce n’est pas évident. Il y a des gens qui sont très sympas mais qui sont dealers… On essaie de les virer mais ils reviennent souvent. Il y a une forme de légalité dans ce pays qui fait qu’on a le droit d’avoir un petit peu de drogue en sa possession. Interdiction de vendre évidemment. Mais il n’y a pas de problèmes ici parce que viennent également beaucoup de gens qui ne se droguent pas. Je dois dire qu’on est quand même le club d’after où il y a le moins de drogues et on surveille ça de près quand même. »
Après 15 ans d’expérience vous notez une spécificité de la vie nocturne pragoise ?
« Oui, je dirais que par rapport à la France c’est un mélange. C’est-à-dire qu’il n’y a pas encore de classes sociales ici. Ceux qui sont devenus riches parce qu’ils se sont mieux débrouillés que d’autres ont toujours leurs copains d’enfance qui sont restés pauvres, donc il n’y a pas vraiment de VIP et c’est justement ça que j’aime dans ce pays – le fait que toutes les classes soient mélangées. Il y a plus de dangers parce qu’on est moins protégé mais j’aime ce côté post-communiste et c’est pour ça que j’aime ce pays. »
Vous parliez de mafias au début des années 2000, donc d’une certaine violence et brutalité, mais on a l’impression, dans votre club et ailleurs, que la nuit est moins agressive que dans d’autres villes d’Europe, qu’à Paris notamment. C’est une impression seulement ?
« Non c’est une réalité. Je dois dire que je me suis bien battue pendant des années et qu’on sait maintenant qui se comporte mal, qui vend des drogues, qui s’occupe de prostitution. On a viré tous ces gens-là et il y a une très belle atmosphère, on se sent en sécurité et j’en suis très fière. »
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